lundi 3 octobre 2011

L'idéologie du choix inhibe la société

La liberté de choix (parmi tant d'offres de biens & services, de carrières, de vies personnelles/relationnelles), pierre angulaire du capitalisme, ne mène guère à plus de bonheur mais à plus d'anxiété et à plus d'indécision. Telle est l'analyse de la philosophe et juriste Renata Salecl de l'Université de Ljubljana (Slovénie).

Selon l'auteure de Choice - qui ne manque guère d'humour, l'idéologie du choix, la tyrannie du self-made men et la dictature des apparences engourdissent la société et poussent les individus à perpétuellement s'autocritiquer plutôt que s'organiser pour remettre en cause « le système ». Apparemment, les pays d'Europe centrale/orientale ont également plongé dans ces profondes incertitudes après la chute du communisme.



Par bien des aspects, Salecl rejoint son homologue américain Barry Schwartz qui explique à quel point la quête vaine et incessante de perfection aboutit à une paralysie du choix dans les sociétés occidentales. Au final, le capitalisme aurait engendré un paradoxe du choix et une subjectivité de l'indécision qui, en plus de le ruiner, inhibent toute volonté de changement social (les théoriciens du complot apprécieront). Même les plus démunis préfèrent ne rien choisir/décider par peur de perdre le peu dont ils disposent.

Bienvenue dans l'état généralisé d'indécision permanente !


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Tant je suis d'accord avec le titre, tant je trouve la phrase d'introduction incorrecte :

"La liberté de choix (parmi tant d'offres de biens & services, de carrières, de vies personnelles/relationnelles), pierre angulaire du capitalisme,"

C'est bien une illusion de choix qui est offerte et non une liberté de choix, les choix devant être faits parmi les offres de l'ordre économique qui exclu tout opposant.

Et l'on peut donc facilement comprendre le désarroi de personnes confrontées à ce genre de situation : tout ce qui leur arrive relèverait de leurs choix, qui sont présentés comme libres alors qu'ils ne sont que pions manipulés....

Arnaud a dit…

Bonjour,

Merci pour Florence + the machine que j'avais zappé moi aussi !

Pour ce qui est du choix dans nos sociétés, il est paradoxalement absent de la plupart des débats télévisuels, par exemple, car il est rare que l'on fasse l'inventaire exhaustif des possibilités entre lesquelles choisirent.

Sans parler de l'absence d'argumentation quand au choix des personnes invitées, des sujets, etc.

D'une manière générale, lorsqu'on discute avec les gens, on s'aperçoit qu'ils ne perçoivent pas l'enjeu des débats parce qu'ils ne savent pas quels sont les choix implicitement fait par la société et par le mode de vie qu'ils adoptent sans y penser.

Je me demande si notre société n'a pas développé une notion de choix qui est toujours à la marge, n'allant jamais au cœur des choses. Choix des couleurs de la voiture, de la marque, du modèle, voiture électrique ou thermique, mais jamais choix entre les transports en commun et les transports individuels.

C'est peut être cela le problème, une multitude de choix sans importances qui empêchent de saisir l'importance des questions politiques, économiques, écologiques, etc.

Arnaud a dit…

Des choix de consommateurs, pas des choix d'acteurs.